Travailler tous les jours dans une entreprise n'est pas chose aisée. Souvent, les déceptions et les frustrations minent les longues journées routinières sans excitation, ni stimulation notable. L'ennui, l'absence de sens et le défaut de cohérence avec ses aspirations propres, rendent mécanique l'enchaînement de toutes sortes de tâches répétitives. Mais comment changer une activité lorsque tant de personnes en dépendent fondamentalement pour vivre?
L'ennui, dit-on, est nécessaire pour atteindre certains états de disponibilité nécessaires à la créativité. L'ennui, sans doute, ouvre les portes de la conjecture et de l'imagination. L'ennui nous pousse vers l'ailleurs, le "pourquoi", et aussi le "pourquoi pas". Etre sans cesse amené à imaginer des réalités alternatives peut parfois déclencher une prise de conscience, sous la forme d'une providentielle remise en cause de l'ordre établi, qui paraissait pourtant immuable. Alors, il ne reste plus qu'à accueillir l'idée nouvelle, l'inspiration fortuite salvatrice, qui fait apparaître une porte, là où, pendant si longtemps, semblait se dresser un mur. Parfois, derrière cette porte, on devine un gouffre grondant l'aspect terrifiant, une abîme obscure, sans fond. C'est alors qu'il faut faire un choix : accepter l'ennui à perte de vue, ou ouvrir la porte et...
Sauter.
KAB